mardi 2 décembre 2008

Two lovers... la fin de l'innocence ?

Alors pour commencer, ce film est tout sauf ce que j'attendais ... à savoir une comédie romantique à l'américaine : simple, efficace et qui te fait penser que peut être Disneyland, ça existe aussi pour les adultes. Trompée par l'affiche et sa lumière hollywoodienne, qui a y regarder de plus près n'est pas si gaie que ça (vous avez vu leurs têtes), je tombe de mon petit nuage dès la première scène : Joaquin fait une tentative de suicide... Ce n'est donc pas une histoire qui nous plonge encore dans nos illusions de petites filles mais une histoire qui nous en sors, qui nous ramène sans ménagement vers la réalité, vers la mélancolie de la vie, vers son amertume, vers "le coup de foudre mutuel n'existe pas" et "ils se marrièrent pour ne pas être seul"... Leonard est dépressif depuis sa rupture avec sa fiancée (pour raison médicale : incompatibilité à procréer... où va la société ?). Michelle est amoureuse de Ron qui est marié et ne semble pas près à tout quitter pour elle (déjà vu ?). Sandra tombe amoureuse de Leonard, alors que pleins d'autres hommes probablement moins perdus s'intéressent à elle (hum... no comment). Leonard lui aime bien Sandra, mais est obsédé par Michelle... et s'entête. Bref ça commence mal, et ça ne finira pas mieux.

C'est finallement une bonne surprise ce film_je ne suis pas une fille gaie que voulez vous ? C'est une histoire non hollywoodienne mais new yorkaise, tout d'abord parce que Two Lovers est un film qui, littéralement, habite Brighton Beach, quartier juif russe de Coney Island où James Gray a grandi, mais surtout par la façon intime de filmer. La mise en scène est irréprochable, la façon de filmer renforce le jeu des acteurs : le rapport Leonard-Sandra (Joaquin Phoenix-Vinessa Shaw) est très intime, très doux, très confident : les scènes sont découpées, pleines de plans rapprochés, la lumière cotonneuse, naphtalinisée de l'appartement de ses parents englobe la relation qui s'instaure entre ces deux là; le rapport Leonard-Michelle (Joaquin Phoenix-Gwyneth Paltrow) est plus distant, plus animal, quasi désespéré : les scènes sont filmées de plus loin, en plans-séquence parfois, la lumière est plus clinquante ou plus froide, plus contaste, plus vivante...

Dans ce film, James Gray pose la question : "Pourquoi cette personne et pas une autre ?". Dans une interview pour Libération, il y répond : "Il est de toute façon impossible de vraiment connaître une personne. Chaque fois que l’on croit savoir, on est justement dans l’erreur. La complexité humaine est infinie. Je ne dis pas que le grand amour n’existe pas. Mais je sais qu’on ne sait rien de l’autre, sinon les projections que l’on en fait. On se berce d’illusions, mais cette projection vaut pour réalité. Elle est ma réalité en face de cette personne. La cristallisation finit par exister pour elle-même. Si on pouvait sortir de soi et se regarder agir, on verrait toute l’absurdité de nos désirs."

Alors si avec ça, vous avez toujours vos illusions d'enfant...

J'ai sans doute aimer ce film pour les raisons qui font que beaucoup ont détesté. Ce film me parle de tous les jours mais ne me dit pas ce que je veux entendre... je grandis ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

donc j'ai pas aimé, je suis en pleines illusions engendrées par Disneyland et autres contes de fée, c'est ça que tu me dis ?

lepetitmoutonaimelamode a dit…

non, ça c'est tout le monde, après t'as pas aimé parce que ça t'empêches de rester dans ces illusions (ne serais ce que 5 min)... mais y'a peut être d'autre raison de ne pas aimer ce film...

Tiger Lily a dit…

Moi, j'avoue que j'ai été un peu déçue. J'avais justement choisi le film en sachant qu'il serait triste et profond et même si j'ai adoré l'esthétique et la réalisation, l'histoire m'a un peu gonflée.

Lacheté, mensonges et tromperie de l'anti-héros que tout le film nous présente comme fragile et blessé par la vie. Même pas capable de dire au revoir aux siens. Résultat? Il prend quand même les autres pour des cons. Franchement, j'ai trouvé moyen moyen. Une trame bien fébrile en somme.
Voilà :) La cynique a parlé.

lepetitmoutonaimelamode a dit…

Bah justement, moi j'aime le ait qu'il soit lâche, qu'il n'ait pas tout bon comme un héros de comédie romantique habituel, qu'il agisse comme un homme agirait en vrai et pas comme le prince chamant... qu'il reste humain en somme.

KRiSS a dit…

Tout comme toi je suis allée voir ce film en m'attendant à autre chose.
Mais je n'ai pas été déçue, au contraire.
J'ai trouvé Joaquim Phoenix vraiment excellent dans son rôle.

L'histoire est quant à elle dérangeante mais ce n'est pas elle qui me fera voir les choses en gris.
Sa "maladie" le rend spécial donc j'aime croire que c'est pt etre ce qui le pousse à faire ce choix..